Reporter sans frontières demande aux autorités tchadiennes de faire toute la lumière sur le massacre ayant notamment coûté la vie à un journaliste, qui couvrait les événements dans le sud du pays.
16h39, mercredi 9 février. Le journaliste Evariste Djaï-Loramadji raconte en direct à l’antenne que des tirs “retentissent partout” dans son village de Sandana, au sud du Tchad, et que les gens sont en train de “fuir en brousse”. La situation est confuse. L’intervention du correspondant de Radio Lotiko est brève. Ce sera sa dernière pour ce média communautaire chrétien. Quelques minutes plus tard, lorsque sa radio cherche à le recontacter, le journaliste ne répond plus. En fin d’après-midi, c’est l’un de ses collègues, arrivé d’une localité voisine, qui découvre son corps inerte. Le journaliste a été atteint de plusieurs balles à la tête.
Selon les informations obtenues par RSF auprès de plusieurs sources locales, Evariste Djai-Loramadji tentait de mieux comprendre ce qu’il se passait auprès de personnes qui fuyaient le village. A l’origine du conflit, un accident de moto ayant provoqué la mort d’un berger et présenté par un responsable de la police local comme un “meurtre”, poussant des soutiens de l’éleveur à monter une expédition punitive et à ouvrir le feu dans le village. L’attaque a fait 11 morts, dont le journaliste.
“Jusqu’au bout, ce journaliste s’est attaché avec beaucoup de détermination et de courage à témoigner des événements se déroulant dans sa communauté, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Les autorités ont le devoir de faire toute la lumière sur ce massacre ayant entraîné la mort de 11 personnes, dont ce journaliste, déjà menacé lors d’événements similaires. L’impunité met en danger celles et ceux qui informent, et compromet l’accès à l’information des populations. Il faut y mettre fin.”