Les avocats, notaires et huissiers de justice tchadiens ont entamé, lundi 21 février, une grève générale de trois jours pour exprimer leur mécontentement contre les récents conflits intercommunautaires à Abeché et Sandana, respectivement dans l’est et le sud du pays, ayant fait plusieurs morts et blessés.
L’union des barreaux a décidé de cesser toute activité judiciaire et de descendre dans la rue pour dénoncer les non-respect des droits humains et la justice au Tchad.
La marche pacifique entamée lundi, part de la Cour Suprême à N’Djamena en direction du ministère de la Justice, et « ne participeront à cette marche que les avocats, les notaires et les huissiers de justice en toges », a souligné dans un communiqué, le barreau des avocats du Tchad.
Selon, le bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Tchad, Djérandi Laguerre, « les récents évènements de Sandana et d’Abéché prouvent que les droits de l’homme ne sont pas respectés au Tchad ainsi que la justice. C’est ainsi que ces professions libérales qui défendent les droits de l’homme ont décidé de marcher pacifiquement pour que justice soit faite ».
D’après le bâtonnier, si l’Etat ne parvient pas à résoudre le problème des conflits intercommunautaires dans le pays depuis plusieurs années, c’est qu’il est faible.
Les « robes noires » dénoncent le fait que des individus sont plus forts que l’Etat et que la justice ne parvient pas à être libre pour faire son travail.
Et de poursuivre : les professions libérales judiciaires ont toujours dénoncé les violations flagrantes des droits de l’Homme au Tchad mais les autorités ne les prennent pas en considération.
Pour rappel, la nomination d’un chef de canton de Dar Ouaddaï contestée par une partie de la population s’est transformée en un violent conflit intercommunautaire faisant une vingtaine de morts, plusieurs blessés et d’importants dégâts matériels les 24 et 25 janvier dernier à Abéché.
Quelques jours plus tard, plus d’une dizaine de personnes ont été tuées dans des affrontements entre éleveurs et cultivateurs à Sandana, village du sud du Tchad.
Ces deux récents conflits intercommunautaires sont les éléments déclencheurs du mouvement de grève des avocats, des notaires et des huissiers de justice au Tchad.
En 2021, « les affrontements auraient fait 309 morts, 182 blessés et plus de 6 500 déplacé, entraîné la destruction de biens et de moyens de subsistance, et provoqué de très fortes tensions entre les communautés » au Tchad, selon l’ONU.